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Ritorno a Venezia

2023 - Performances sonores collectives en public


dans le cadre du projet européen B-Air, l'Art Infini de la Radio


Lorsque Nicolas Tixier nous a proposé de prendre une semaine sur nos vacances pour travailler au mois d’août, on a d’abord soupçonné un abus dans notre contrat de travail. Il n’a pas précisé qu’il s’agirait de travailler 14h sur 24, mais de travailler à Venise.

Il savait que pour moi, & pour la plupart d’entre nous, c’est une cerise qui a plus d’importance que le gâteau.

Andiamo dunque.

L’ensemble de ce qui a pu être sédimenté de cette semaine de résidence-expo-installation & radio, dans & autour du pavillon français, durant la XVIIIe biennale d'architecture, peut se retrouver soit dans le rapport de recherche B-AIR , soit dans la publication CRESSOUND qu’on en a faite.

J’en reprends ici deux moments où, loin d’en être le seul responsable, je me suis senti être plus qu’une cheville ouvrière, une permission d’oser, pour mes collègues qui n’avaient pas le même vécu que moi de cette ville, de ses rapports aux anges (c’est très prétentieux mais j’assume).

Ces deux moments sont des performances sonores. Non pas la simple écoute en public d’une composition, ni une simple installation sonore à travers laquelle le public déambule, mais une multiplication des deux, impliquant l’improvisation en direct. En ce lieu, à cet instant, avec qui l’on est.

Le premier moment (1 août en fin d’aprémidi)

Le pavillon français dans les giardini de Venezia, dédiés aux biennales, est constitué de 4 pièces, espaces très réverbérants. Depuis quelques années j’ai pris l’habitude de me promener avec une flûte à bec ténor que je peux dégainer à tout instant pour tester & révéler ce genre d’espace. Avec l’âge, je deviens de moins en moins timide, & à cet instant je dispose de nombreuxes complices : Théo, Seb, Cédric, Marc & Ona avec qui on a commencé à chanter harmoniquement.
Dans cet enregistrement, c’est Cédric qui se balade dans les différents espaces offerts avec une tête artificielle sur les oreilles, tandis que Théo diffuse & mixe les sons de Seb, que Marc, avec peut-être Alice, improvise d’autres couches sonores sur petit synthétiseur & qu’avec Ona on chante les yeux fermés.


Le second moment (4 août)

est un moment de magie dont l’enregistrement ne peut que témoigner :
durant toute la semaine, l’extérieur du pavillon est assiégé par le chant des cigales, tandis qu’à l’intérieur on diffuse des sons des enregistrements offerts par des créateureuses sonores du monde entier (« nouvelles du monde »). Ce vendredi soir-là, on avait donné rendez-vous pour une nouvelle performance sonore dont, au matin même, aucun d’entre nous n’avait idée de ce à quoi elle allait pouvoir ressembler.

Il advint qu’il plut, ce jour-là.
Les cigales s’en turent.
L’idée germa donc simplement dans nos esprits mutuels, de faire sortir les « nouvelles du monde » dans le monde & de faire, parallèlement, entrer les enregistrements des cigales (que Théo avait préparé dans l’aprémidi) dans le pavillon. Tour de magie.



Tout cela, bien sûr, se concevant dans l'interaction avec des gens,  du lieu et du moment…